Le premier relevé du ciel par le satellite Planck révèle notre Galaxie et l'écho lumineux du Big Bang comme nous ne les avions jamais vus
Une image exceptionnelle de l'intégralité du ciel provenant du tout premier relevé, juste achevé, du satellite Planck, met en évidence les deux sources de rayonnement du ciel les plus importantes dans le domaine des micro-ondes : le rayonnement fossile et la Voie lactée. Le rayonnement fossile correspond à l'écho lumineux du Big Bang. Il témoigne des premiers instants de l'Univers, qu'il a traversé pendant près de 13,7 milliards d'années avant de parvenir jusqu'à nous. Dans certaines directions, on voit en superposition le rayonnement issu de divers objets astrophysiques, notamment notre Galaxie, la Voie lactée. Grâce aux observations de Planck à neuf fréquences différentes, et grâce à des techniques sophistiquées d'analyse d'images, il est possible de distinguer ces différents rayonnements. Ils deviendront des produits scientifiques distincts de grande importance, tant pour les astrophysiciens que pour les cosmologistes, et seront rendus publics fin 2012.
Le satellite Planck de l'ESA observe actuellement tout le ciel dans le domaine des micro-ondes1 . L'objectif principal de la mission Planck est d'observer le rayonnement fossile, c'est-à-dire la lumière issue des premiers instants de l'Univers. Les minuscules fluctuations de température de ce rayonnement portent la trace des germes des grandes structures cosmiques qui se sont formées plus tard, comme galaxies ou amas de galaxies. Néanmoins, le rayonnement fossile est vu en superposition d'une brume de lumière d'avant-plan issue de notre propre Galaxie. Il s'agit de l'émission du milieu interstellaire, mélange de gaz et poussières qui remplissent notre Voie lactée entre les étoiles. Cette émission de notre Galaxie ne masque pas le rayonnement fossile, mais se superpose à celui-ci.
Cette première image de tout le ciel représente une synthèse particulière de toute l'information que Planck est en train de collecter. Elle a été spécifiquement traitée pour mettre en valeur l'émission de notre Galaxie. D'autres traitements peuvent en revanche mettre en exergue la partie cosmologique. Pour y arriver avec la précision requise, les équipes scientifiques de Planck ont développé un système dédié très sophistiqué d'analyse d'images, qui utilise toute la finesse et la sensibilité exceptionnelles des images de Planck dans ces neuf bandes de fréquence.
« La structure granulaire du rayonnement fossile est la plus manifeste dans les régions en haut et en bas de l'image, où l'émission de notre Galaxie est plus faible » nous explique le responsable scientifique de l'instrument HFI, Jean-Michel Lamarre du Laboratoire d'étude du rayonnement et de la matière en astrophysiqu e 2. « Par ailleurs, une partie importante du ciel montre différentes régions de la Voie lactée, très brillante le long le plan galactique (la large bande horizontale centrale claire), mais qui s'étend aussi au-dessus et au-dessous, même si elle y est moins intense. »
Jean-Loup Puget, chercheur de l'Institut d'Astrophysique Spatiale3 et responsable scientifique du consortium de laboratoires qui a construit l'instrument HFI, explique que « Le milieu interstellaire de la Voie lactée est composé de nuages de gaz et de poussières de différentes composition, température, et densité. Heureusement, les différentes phases du milieu interstellaire émettent dans des bandes de fréquences, des « couleurs » différentes ; ces signatures peuvent être utilisées pour séparer l'émission galactique, et donc pour les soustraire des images afin d'extraire le rayonnement fossile, de la même façon que le cerveau humain est capable d'isoler la voix d'une personne qui parle au milieu d'un groupe en pleine discussion. L'analyse de la composante interstellaire donnera des informations précieuses sur les mécanismes de formation des étoiles dans notre Galaxie. »
François Bouchet, chercheur à l'Institut d'Astrophysique de Paris4 , coordinateur scientifique et responsable du traitement des données, souligne : « Après 17 ans de travaux préparatoires un peu arides, nous avons enfin sur nos écrans ces données qui recèlent des éléments de réponses à des questions cosmologiques dans la continuation des grandes interrogations sur l'Univers et l'origine qui agitent l'humanité depuis les temps les plus reculés. »
Mais les principaux résultats cosmologiques demanderont près de deux années supplémentaires de collecte, de traitement et d'analyse des données. Pendant ce temps, l'analyse détaillée de l'émission galactique permettra une grande amélioration de notre connaissance de la structure de la Voie lactée.
1 Entre 30 et 857 GHz, soit les domaines submillimétrique, millimétrique, et centimétrique
2 LERMA, Observatoire de Paris, UPMC, CNRS, ENS, Université de Cergy-Pontoise
3 IAS, Université Paris Sud 11, CNRS
4 IAP, Université Pierre et Marie Curie, CNRS
Planck, situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, observe le ciel dans neuf bandes de fréquence en utilisant deux instruments de dernière génération, conçus pour produire des mesures multifréquences à haute sensibilité et finesse du rayonnement diffus du ciel : l'instrument haute fréquence (HFI) de fabrication française, qui couvre six bandes entre 100 et 857 GHz, et est refroidi à une température record de –273°C, et l'instrument basse fréquence (LFI) de conception italienne, qui couvre trois bandes entre 30 et 70 GHz.
Le premier relevé intégral du ciel par Planck a démarré mi-août 2009 et s'est achevé en juin 2010. Planck continuera de collecter des données jusqu'à début 2012, lui permettant d'établir quatre relevés complets du ciel afin d'obtenir des données encore plus précises. Un premier ensemble de données astronomiques, appelé « catalogue initial de sources compactes » sera rendu public en janvier 2011. Les principaux résultats cosmologiques demanderont, quant à eux, près de deux années supplémentaires de traitement et d'analyse des données, afin d'arriver à un premier ensemble de données traitées et disponibles pour la communauté scientifique mondiale vers fin 2012.
Les scientifiques de Planck se tiennent à la disposition des journalistes pour répondre aux questions et donner plus de précisions sur la mission Planck, sur les résultats attendus et les techniques employées, ainsi que pour étayer ou non les informations diffusées dans les médias. Par exemple, aucune image précise et complète du rayonnement fossile ne sera diffusée au public avant fin 2012, pour des raisons scientifiques liées au temps nécessaire pour analyser les données afin de garantir leur qualité et leur fiabilité. Par ailleurs, les données de Planck ne sont accessibles qu'aux scientifiques du consortium Planck pendant la durée d'analyse qui s'étendra jusqu'à fin 2012, date à laquelle les données deviendront publiques.
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