Dossier de Francois-Xavier Désert
Voici deux manières d'illustrer le rayonnement fossile avec des sons plutôt que des images. Tout d'abord on peut utiliser des sons pour comprendre le traitement de données de Planck. Ensuite, on peut "écouter" la meilleure carte du rayonnement fossile actuellement disponible, celle du satellite WMAP.
Les étapes du traitement des données peuvent être illustrées de la manière auditive suivante. Nous utilisons ici une simulation réaliste par ordinateur.
La sortie numérique du détecteur en fonction du temps s'appelle une TOI (time-ordered information). Puisque le satellite Planck tourne autour de lui-même à raison d'un tour par minute, le faisceau observé balaye le ciel et lit la position pointée toutes les 5 milisecondes environ.
Nous pouvons transformer le signal en son. La fondamentale du signal du ciel est cependant inaudible ( un infrason de 17 milliHz). Nous avons donc décidé de changer l'échelle des fréquences par un facteur multiplicatif donné (20 000) et ainsi nous pouvons clairement entendre la fondamentale à 333Hz.
Deux jours de données d'un détecteur se trouvent comprimées en un son de huit secondes seulement !
Au moins peut-on entendre la fondamentale mais aussi une kyrielle d'autres choses, un peu comme un vieux microsillon rayé (pour les jeunes un disque 33 tours d'avant les CDs). Dans le centre de réduction des données, les mesures sont traitées de façon à pouvoir "écouter" le balayage de la première image émise par l'Univers, quelques 380 000 ans après le Big-Bang.
Le son clair doit ressembler à quelque chose comme ceci:
La réduction inclut la soustraction des pics de bruit (provenant de l'impact des rayons cosmiques sur le détecteur à intervales aléatoires) et du bruit (par moyennage).
La meilleure carte du rayonnement fossile a jusqu'a présent été obtenue grâce à la mission WMAP. Cette carte de l'ensemble du ciel (projection de la sphère céleste) peut se décomposer en modes correspondant aux différentes échelles angulaires.
Le premier mode a été ôté de cette carte. Il est un peu spécial car il sert à l'étalonnage, c'est à dire à connaître la température d'un point du ciel en fonction de la puissance reçue dans un détecteur.
Le second mode et les autres peuvent être obtenus par une transformation en harmoniques sphériques.
Dans ce son, l'endroit d'écoute est changé toutes les 3 secondes.
Notons que bien que l'univers ait effectivement oscillé pendant la phase chaude de son début au sens acoustique, les modes à grande échelle n'ont pas eu le temps de couvrir une période entière avant que cette "photo" du rayonnement fossile ne soit prise (seulement 380.000 ans après le Big Bang). Ainsi les vraies oscillations n'ont pris place que pour les multipôles supérieurs au premier pic acoustique (multipôle 220, ici à 2200Hz) avant que l'univers ne devienne transparent.
Enfin n'oublions pas qu'aucun son ne peut se propager dans l'univers transparent! Ici, nous ne travaillons que par analogie avec un tambour et prêtons l'oreille à la surface du tambour.
Auteur : François-Xavier Désert, astronome au Laboratoire d’Astrophysique de Grenoble
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